LES MOTIFS D’ABANDON DU CHIEN, DES EXCUSES BIDONS ?

Chaque année, on estime qu’environ 100 000 chiens et chats sont abandonnés en France. Puisque le phénomène ne semble pas s’estomper, Bibou Addict a souhaité s’interroger sur la véracité des motifs avancés par les propriétaires qui ont fait le choix d’abandonner leur chien.

Dans notre précédent article intitulé « Comment peut-on abandonner un chien, ce compagnon qui nous est le plus fidèle ?« , il a été établi qu’en matière d’abandon il vaudrait mieux prévenir que guérir. En effet, la prévention se révèlerait être un bien meilleur remède à l’abandon que la menace d’être puni par la Loi. D’ailleurs, on n’envisagerait pas une seconde de mettre une femme en prison pour avoir confié ses enfants aux services sociaux… alors pourquoi les propriétaires de chien ? Et pour pouvoir envisager des actions préventives efficaces et lutter valablement contre l’abandon, on s’est demandé quel était le principal motif d’abandon du chien en France ?

Selon Céline RAVENET, Directrice de la SPA d’Hermeray jusqu’au printemps 2018, c’est le manque de temps pour s’occuper de Bibou qui pousserait la majorité des propriétaires à abandonner leur chien. Ce genre d’excuses bidons, Céline RAVENET et les amoureux des animaux n’en peuvent plus de les entendre. Après tout, ils n’avaient rien demandé tous ces chiens : ni de naître, ni d’atterrir dans cette famille, et encore moins d’être laissés pour compte du jour au lendemain.  Et surtout, on sait combien les chiens aiment leur(s) maître(s), même s’ils ne sont pas toujours de bons maîtres…

Alors qu’ils se présentaient comme étant les plus fidèles compagnons de leur famille, ce qu’ils croyaient être leur vie se brise en quelques instants, le temps de comprendre qu’on ne reviendra pas les chercher et que cette cage bruyante est leur nouvelle maison.

Le manque de temps pour s’occuper de son chien, une excuse bidon ?

La plupart de ces motifs pour abandonner son chien, on pourrait croire que ce ne sont que des excuses bidons. Prenons par exemple le premier motif d’abandon le plus communément admis : « le manque de temps pour s’occuper de son chien ». Comment peut-on affirmer qu’on n’a pas le temps de s’occuper de son chien quand le français qui travaille dispose en moyenne de 8h06 de temps libre par jour pour vaquer à ses occupations (source CRÉDOC) ?

C’est sûr que ça prend du temps d’entretenir ses relations sociales, de se cultiver et… de se divertir ! Et en matière de divertissement, ce qu’on aimerait tous c’est regarder la télévision, écouter de la musique et surfer sur Internet. Quand on sait qu’en moyenne la télévision est allumée 3h45 par jour dans les foyers français… Alors oui, on peut quand même se demander si le propriétaire manque vraiment de temps pour s’occuper de son chien, ou s’il ne manquerait pas plutôt de motivation pour le faire.

Pression sociale et exclusion du chien dans le quotidien de son maître

Pourtant, il y a tout un tas de choses à faire pour occuper son temps libre, ou plutôt se divertir, en compagnie de son chien ! Et on n’hésitera pas en parler dans un prochain article. Du coup, on se demande s’il n’y aurait pas anguille sous roche. Au fond, qu’est-ce-qui fait qu’on puisse se désintéresser de son meilleur ami ?

Si l’on regarde un peu plus en détail l’emploi du temps du chien de la famille, on s’aperçoit qu’il passe la majorité de son temps seul à la maison, pendant que ses maîtres sont occupés à l’extérieur : pour le travail, les tâches ménagères, les activités sportives et culturelles, les visites aux amis et à la famille, etc. Et pour cause, en générale toutes ces occupations excluent la possibilité d’emmener son chien avec soi. Quand bien même on voudrait l’emmener avec nous, on subit une forme de pression sociale… parce qu’en France, on n’est pas habitué à voir des chiens ailleurs que dans la rue ou dans nos maisons bien clôturées.

Solitude, manque d’activité et ennui à l’origine de troubles du comportement chez le chien

Alors nos chiens passent le plus clair de leur temps seuls à attendre, plus ou moins patiemment, le retour de leurs maîtres à la maison. Et un chien qui s’ennuie, un chien qui ne se dépense pas suffisamment (physiquement comme intellectuellement), c’est un chien qui va très certainement développer des troubles du comportement.

Destruction de chaussures, mâchouillage de pieds de table, arrachage de rideaux, déchiquetage de canapés, et même démolition de murs et de portes : on en voit de toutes les couleurs sur les réseaux sociaux ! Dans certains cas, le chien qui ne satisfait pas ses besoins physiologiques peut aussi développer des troubles obsessionnels compulsifs, allant de la course à la mouche imaginaire au gobage d’objets en tout genre, en passant par l’aboiement compulsif.

Si cela peut vite irriter le plus intentionné des maîtres (dixit le remplacement imprévu du canapé ou les frais de vétérinaire), il n’a pas toujours conscience que ce sont les conditions de vie de son chien qui génèrent autant de problèmes.

Troubles du comportement et dégradation progressive de la relation entre le chien et son maître

Ces troubles du comportement, ce sont d’abord les familles qui partagent leur quotidien avec le chien qui les subissent, surtout que nos chers voisins n’en manquent pas une pour faire savoir leur mécontentement face aux nuisances occasionnées par nos chers Bibous.

Les familles concernées vivent la situation d’autant plus mal que la pression sociale qu’elles subissent se renforce en zone urbaine, là où l’habitat est de plus en plus collectif. Dans les cas les plus difficile, les voisins vont même jusqu’à demander l’expulsion de la famille, qu’elle soit locataire ou propriétaire.

Mais au fait, comment se fait-il que nos chers petits toutous soient incapables de s’adapter aux conditions de vie que nous leur imposons ? Comment se fait-il que certains souffrent plus que d’autres de cette inactivité quotidienne ?

Chien de travail /vs Chien de compagnie : une réalité paradoxale ?

Le plus grand paradoxe dans cette affaire d’abandon, c’est que l’Homme a pourtant sélectionné les spécimens canidés depuis des centaines d’années pour créer des races de chien aux aptitudes très diverses, qu’on a classé en 10 grands groupes. Et sur ces 10 groupe de races de chien, 9 concernent des races dites de « travail ». Oui, du chien de berger au molosse, en passant par le terrier ou encore le lévrier… toutes ces races de chien ont été créées par l’Homme pour l’accompagner dans ses activités d’humain.

Le dernier groupe, c’est le groupe des races de chien dites « d’agrément et de compagnie». Et quel est le dénominateur commun de ces races de chien d’après vous ? La souplesse de caractère, l’attachement à l’homme et l’absence d’agressivité… en bref, tout ce qu’on attend d’un bon chien de famille, on le trouve chez les chiens d’agrément ou de compagnie classés dans le Groupe 9.

Alors voilà, plus de 5,6 millions de foyers partagent leur quotidien avec au moins un chien, dans notre pays où l’urbanisation est en plein essor. Ce qu’ils ne savaient peut-être pas, c’est que le toutou tranquille pépère dont ils rêvent (celui qui préfère le canapé à la boue) ne serait autre qu’un Bichon, un Caniche, un Chihuahua, un Griffon belge, un Shih Tzu, un Cavalier King Charles, un Bouledogue Français ou encore un Carlin.

D’ailleurs, ce n’est peut-être pas pour rien qu’on n’en trouve que rarement dans les refuges de la SPA. Et ce n’est peut-être pas non plus pour rien qu’on essaye toujours de trouver les races qui sont à l’origine du croisement du chien qui est proposé à l’adoption… C’est bien parce que de ce croisement dépendent les besoins physiologiques du chien, et donc le profil de l’adoptant.

Le bon chien, c’est celui qui correspond à nos habitudes de vie !

On ne le dira jamais assez : on ne choisit pas un chien pour son apparence physique (même si c’est tentant)… mais en fonction de ses habitudes de vie ! Aussi, les grands sportifs que sont les Husky de Sibérie ne seront pas heureux entre les mains d’un sédentaire accro aux séries TV.

En revanche, un Bouledogue Français ou un Carlin sera plus qu’heureux de partager le temps libre de son maître sur un coin de canapé, bien qu’il nécessitera d’être socialisé et de sortir comme n’importe quel autre chien (dans une moindre mesure tout de même). Les chiens d’agrément et de compagnie restent des chiens après tout !

Les vraies raisons de l’abandon du chien en France

Finalement, le chien serait victime de notre société largement urbanisée, qui marginalise le chien notamment en lui interdisant l’accès à une majorité de lieux de convivialité que fréquente son maître. Le chien serait également victime de son aspect physique, car on le choisit encore trop rarement pour ce qu’il est vraiment, en intégrant toutes ses spécificités.

Et forcément, quand les besoins du chien ne sont pas en adéquation avec les habitudes de vie de la famille… On ne peut pas faire des miracles ! Lorsqu’on a compris cela, on comprend mieux que les propriétaires puissent se lasser de leur plus fidèle compagnon, qui est devenu encombrant au fil du temps.

Ce qu’on comprend moins en revanche, c’est qu’on puisse prétexter que son chien est devenu trop vieux pour l’abandonner, justement au moment où il avait le plus besoin de son maître. Un peu comme nos grands-parents en somme…

Serait-ce un problème de générations qui subissent les conséquences de la société de consommation et de l’essor des nouvelles technologies ?

Rien n’est moins sûr. Ce dont on peut être certains, c’est que si l’on n’entretient pas de relation positive avec son chien, si l’on se désintéresse progressivement de son meilleur ami (du fait de l’inadéquation entre les habitudes de vie et les besoins physiologiques du chien), petites contrariétés et gros bouleversements s’accumulent jusqu’à faire déborder le vase. C’est donc la goutte de trop, peu importe la forme qu’elle prend, qui amène à commettre l’irréparable : abandonner son compagnon pour de bon.

Toi aussi tu t’interroges sur la place du chien en France ?

Toi aussi tu rêves de pouvoir ENFIN tout partager avec ton chien, même tes vacances en famille ?

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